Créer son entreprise de services administratifs en tant qu’auto entrepreneur est-il un projet viable pour une assistante de direction ? Est-il réaliste de vouloir passer du statut de salarié à celui de créateur auto entrepreneur et comment s’y prendre ? Ce sont autant de questions auxquelles Rachel Favone, assistante de direction et ancienne salariée nous répond dans cette interview, nous présentant à la fois ses services et son parcours de créatrice d’entreprise ! Une interview riche d’enseignements que je vous invite à lire sans en perdre une miette !
[Ronan] Bonjour Rachel, vous avez créé votre entreprise sous le statut d’auto-entrepreneur et proposez un service de prestations administratives, de gestion, et de communication à destination des PME et/ou artisans. Pouvez-vous déjà nous en dire plus sur vos prestations ?
[Rachel] Bonjour Ronan, et merci de me permettre de partager mon expérience de création d’entreprise.
En effet, j’ai opté pour un statut auto entrepreneur.
Mon activité consiste à exercer le métier d’assistante de direction, en version sous-traitante, pour des sociétés qui ne pourraient s’offrir une assistante à temps complet, ou pour lesquelles le besoin d’aide est plus ponctuel. Je m’occupe ainsi d’être le “support” administratif des dirigeants souhaitant qualité de travail, rapidité, adaptabilité, tout en se libérant des difficultés salariales.
J’exerce en Île-de-France, notamment sur la zone nord de Paris.
[Ronan] Quel est votre parcours professionnel avant la création de votre activité et pourquoi avoir décidé de vous lancer en auto entrepreneur ?
[Rachel] Mon parcours est “atypique”, comme aiment à le qualifier les recruteurs. Je suis titulaire d’un BTS assistante de direction, obtenu avec brio en 2000. A la suite de ce diplôme, j’ai exercé de nombreuses missions, au sein de PME comme d’entreprises d’envergure internationale, en voyant toutes les situations de travail différentes, et toujours multi-compétences, d’une assistante. Entre-temps, j’ai également passé un diplôme de peinture intérieure (cela n’a rien à voir) et travaillé comme coloriste menuiseries, pendant deux années. Je suis revenue au métier d’assistante, finalement, avec le projet de devenir indépendante. Cette volonté est venue à force de constater la satisfaction des employeurs quant à la qualité de mon travail. J’ai souhaité devenir “pro” au-delà du statut de salariée, faire de ce métier un domaine de spécialisation reconnu.
[Ronan] Pourquoi passer à l’entrepreneuriat plutôt que de poursuivre une carrière “toute tracée” voyant la satisfaction de vos employeurs ? Qu’est-ce qui vous a motivé le plus dans le fait de devenir votre propre patron ?
[Rachel] La motivation première, c’est de pouvoir enfin “révolutionner” la vision d’une assistante. J’espère que le statut auto entrepreneur est un tremplin vers un statut plus cossu, et pouvoir dans l’avenir faire travailler des personnes efficacement, avec la contrepartie de leur offrir de bonnes conditions de travail. L’assistanat est un métier où l’on apprend beaucoup car on côtoie des dirigeants. On les seconde, on prend en charge une partie de leurs responsabilités. Un jour, on souhaite que cette capacité à gérer soit reconnue. On cherche à faire de ces compétences acquises un tremplin vers “autre chose”.
[Ronan] Depuis quand vous êtes vous inscrit en auto entrepreneur et pendant combien de temps avez-vous mûri et préparé votre projet ?
[Rachel] Ma société BAG ( Bureautique Administratif Gestion) existe depuis mai 2011. L’idée m’a traversé l’esprit au cours de l’hiver 2010-2011. J’ai immédiatement commencé à prendre des informations sur le sujet, et j’en ai parlé avec des entrepreneurs de ma connaissance, pour avoir des avis expérimentés.
[Ronan] Et que vous a-t-on dit concrètement ? Était-ce plutôt des encouragements, des mises en garde, des suggestions et conseils de baroudeurs de l’ entrepreneuriat ?
[Rachel] Les retours d’expériences ont été positifs, tout en gardant un certain réalisme. On m’a avertie des difficultés de gestion et des responsabilités, tout en “misant” sur mes capacités à les assumer.
Je pense qu’au-delà de ces conseils, j’avais déjà un aperçu assez complet des contraintes. Ce qui m’a aidée, bien sûr.
Les dirigeants ont surtout insisté sur les nécessités “commerciales” qu’un tel projet requiert. Chercher le client, le convaincre, parfois échouer, peut devenir frustrant. C’est le point le plus difficile qui fut abordé par ces femmes et hommes d’expérience.
[Ronan] Et justement…comment avez-vous préparé votre projet de création d’entreprise ? Avez-vous fait une étude de marché, un business plan, une formation en création d’entreprise ? Avez-vous rencontré un comptable ou un conseiller ?
[Rachel] La première étape fut de prendre conseil auprès d’une comptable. Généralement, les auto entrepreneurs ne sont pas forcément accueillis favorablement par ces professionnels, car nous sommes ce qu’on appelle des mauvais clients, puisque le statut n’a aucune obligation comptable. Mais, lorsqu’il s’agit d’un projet concret, cela se passe bien. Les experts-comptables ont intérêt à voir un porteur de projet réussir grâce au statut auto-entrepreneur, plutôt que de conseiller un autre statut plus contraignant, avec des risques financiers plus élevés. (NDLR: d’autant plus que si leur client est satisfait et que l’activité se développe, l’auto entrepreneur pourra passer à un statut qui nécessite un vrai comptable plus tard, et revenir vers cet expert comptable qui l’a conseillé aux premières heures…)
Forte des conseils de ces spécialistes, j’ai téléchargé les outils proposés sur le site web de l’AFE (anciennement APCE). Des outils très bien faits, limpides à remplir. J’ai réalisé l’étude de marché et le business plan grâce à ces modules téléchargeables. J’ai ensuite présenté mon projet au pôle emploi, qui m’a orientée vers une structure locale d’aide aux créateurs d’entreprise. Le spécialiste m’a aidée à affiner les prévisions financières, et nous avons validé le dossier ensemble avant présentation à la Chambre des Métiers et de l’Artisanat.
[Ronan] Parmi tous ces conseillers et organismes rencontrés, quels sont ceux qui vous ont le plus été utiles ? Y-compris aussi l’expert comptable… Conseilleriez-vous à un créateur d’entreprise de s’entourer et d’aller à la rencontre de ces organismes ou mieux vaut-il faire confiance à sa propre expérience ?
[Rachel] Un porteur de projet doit s’entourer, oui. Surtout s’il s’agit d’un professionnel qui n’est pas à l’aise avec les démarches administratives. Cela n’a déjà pas été simple pour une habituée des méandres de l’administration, alors j’envisage qu’un professionnel d’un autre secteur d’activité peut vite se sentir noyé sous la masse d’informations, et de conditions à remplir.
Parmi les meilleurs conseillers, je mets l’expert-comptable en première position. Vient ensuite le conseiller du pôle d’aide aux créateurs d’entreprise de la Communauté d’Agglomération, vers lequel m’avait envoyée le Pôle Emploi. Cette personne est un créateur lui-même, et ses conseils avaient du sens, puisqu’il parlait en connaissance de cause.
L’AFE (anciennement APCE), via son site web, a également été utile. Sans leurs outils déjà structurés, je pense que mon projet aurait été bien plus long à étudier.
Je tiens à souligner un point important dans la notion d’être “entouré”. Il ne faut pas hésiter à demander de l’aide. Que cette aide provienne d’experts ou de simples connaissances ou autre entourage, les bonnes idées et astuces peuvent venir des regards les plus objectifs…
[Ronan] Est-ce que le régime auto entrepreneur s’est immédiatement imposé comme la solution idéale pour votre projet ou avez-vous hésité avec un autre statut d’entreprise ? Avez-vous rencontré des difficultés avec les démarches administratives et si oui comment les avez-vous résolues ?
[Rachel] Le régime auto-entrepreneur a été immédiatement proposé par la comptable. Elle en avait étudié toutes les facettes, et n’y a vu que des avantages pour un nouvel entrepreneur n’ayant que peu d’investissements à réaliser, et pas de personnel à embaucher.
Ce statut permet un démarrage sans risque financier important, et la facilité de cumul avec un travail de salarié si le chiffre d’affaires a du mal à démarrer. Ce sont les points qui m’ont permis d’opter pour ce statut.
Les démarches administratives sont par contre moins limpides que ce que j’avais entendu dire. Les sites web des administrations ne sont pas totalement opérationnels, et les formulaires en ligne ne fonctionnent pas. Il faut se déplacer, et, surtout, insister pour obtenir des réponses.
Les informations données ne sont pas forcément les mêmes d’une administration à l’autre. Le plus difficile est de faire la part des choses. L’aide d’un(e) conseiller(e) – la comptable dans mon cas – est très précieuse. Les spécialistes comptables et juridiques connaissent la législation, et savent très précisément ce qui est en vigueur. Je pense qu’un porteur de projet d’auto-entreprise a intérêt à investir dans ce type de conseils avant de se lancer dans les démarches administratives.
Je me suis également faite aider par une élève, en stage de secrétariat-gestion, afin qu’elle m’accompagne dans les démarches. Un regard extérieur et une aide permettent au porteur de projet de se libérer l’esprit et ainsi de se concentrer sur l’essentiel.
[Ronan] Comment avez-vous trouvé vos premiers clients ? Quels sont vos solutions pour en démarcher de nouveaux et vos astuces pour les fidéliser ?
[Rachel] Mes premiers clients sont des artisans d’une zone géographiquement proche de chez moi. Dans mon activité, je vise les petites structures, car ce sont celles-ci qui ont des besoins avérés d’aide à la gestion.
A plus long terme, je pense démarcher notamment grâce au web, qui devient LA source d’informations à utiliser impérativement. Une image et un langage soignés, une clarté sur les informations concernant les prestations et le fonctionnement, et une communication “ciblée” en matière de géographie ou de secteurs d’activité, sont les astuces qui peuvent amener les clients à moi.
Quant à mon système de fidélisation, je dirai avec beaucoup d’humour : “chacun le sien”!
[Ronan] Après ces 5 premiers mois d’activité, quel est votre sentiment ? Quel est votre bilan sur cette aventure et aussi le statut d’auto entrepreneur ?
[Rachel] Pour ce qui est du statut d’auto-entrepreneur, mon sentiment est positif. Ce statut est véritablement une facilité pour se lancer. Je déplore simplement le manque de coordination et de véritable cadrage par les administrations. Ces lacunes font grand tort aux entrepreneurs sérieux, qui doivent souvent “défendre” leur projet et leur choix de statut.
Quant à l’activité, je suis confiante. Cette expérience est riche en contacts, je suis amenée à rencontrer d’autres professionnels, issus de tous domaines d’activité. C’est intéressant !
[Ronan] Un grand merci pour votre retour d’expérience, très enrichissant ! Je vous laisse le dernier mot….
[Rachel] Merci à vous.
Que dire de plus à part: “Qui ne tente rien n’a rien” ?
Bonjour,
je voudrais de l’aide pour me mettre auto entrepreneur en ligne car je n’y arrive pas et on ma dit le faire en ligne y’a des problèmes qu’il valais mieux se faire aidez par la chambre de commerce,alors dite moi se qui serais mieux pour moi . merci
cordialement