Est-il intéressant ou pas de lancer son site de e-commerce sous le statut d’ auto-entrepreneur ?
La question n’est pas anodine car, autant une activité parralèle de consultant ou de prestataire de service se prête assez bien au statut d’auto-entrepreneur car les frais de fonctionnement y sont généralement assez faible, autant une activité commerciale est plus difficile avec ce statut.
En effet, le statut d’auto-entrepreneur impose la déclaration du chiffre d’affaire sans possibilité de déduire les pertes et frais divers qui sont généralement assez importants dans une activité de commerce de biens et de marchandises physiques.
Voir à ce sujet: Auto entrepreneur : déclarer son chiffre d’affaire ou le cumul des pertes et recettes ?
Les contraintes du statut d’auto-entrepreneur pour lancer un site de e-commerce de biens et marchandises physiques:
- avoir un chiffre d’affaire annuel inférieur à 80 000 euros
- ne pas vouloir récupérer la TVA.
- ne pas vouloir déduire ses frais de fonctionnement, investissements et pertes diverses
Si vous optez effectivement pour ce statut d’auto-entrepreneur pour la vente de marchandises, vous aurez par contre les avantages suivants:
- Le montant des charges sociales (assurance maladie, CSG/RDS, assurance vieillesse…) sera de 12 % du chiffre d’affaire de votre e-commerce
- Si vous optez pour le prélèvement libératoire, l’impôt sur le revenu de votre boutique de e-commerce sera de 1% et vous le payerez en même temps que votre forfait de charges sociales (cela fait donc un total de 13%)
- Si vous avez optez pour le prélèvement libératoire de l’impôt sur le revenu, vous êtes exonéré de taxes professionnelle pendant trois ans après la création de votre e-commerce.
- Si sur la période (trimestre, plus tard mensuel) vous n’avez encaissé aucun revenu, vous ne paierez ni impôts, ni charges sociales.
- Vous bénéficiez d’une comptabilité réduire et devez simplement tenir un livre d’achats et un de ventes.
- Mais lancer un site de e-commerce en auto-entrepreneur est-il rentable ?
Prenons un exemple:
- Vous acheter un produit 100 euros et le revendez en faisant une marge de 20%.
- Vous le vendez donc 100 / 0,8 = 125 euros.
- Pour expédier le produit, les frais de port s’élèvent à 10 euros.
- Votre client paiera donc un total de 135 euros.
- Votre chiffre d’affaire sera de 135 euros
- L’abattement forfaitaire est de 135 * 71% = 95,85 €
- Vos côtisations seront donc de : (135 – 95,85) * 12% = 4,70 €
- Si votre client vous règle par Paypal, vous devrez ajouter la commission Paypal: 135 * 3.4% + 0.25 = 4,84 €
Il vous restera donc : 135 – 100 – 10 – 4,70 – 4,84 = 15.46 €, soit un pourcentage de bénéfice réel de moins de 12 % ne tenant pas compte de vos frais d’hébergement et de mise en place pour votre boutique de e-commerce, frais que vous ne pouvez pas déduire de votre chiffre d’affaire en tant qu’auto-entrepreneur au moment de votre déclaration.
On voit donc que le statut d’auto-entrepreneur est assez peu adapté au lancement d’une boutique de e-commerce à moins d’avoir une marge très confortable dès le départ.
Néanmoins, vous pouvez très bien démarrer votre activité de e-commerçant sous ce statut sans risque pour vous lancer (vous ne payez rien si vous ne gagnez rien…c’est l’avantage), puis rapidement changer de statut si votre boutique de e-commerce fonctionne réellement…
Il y a une erreur dans le postulat de base : vendre avec 20% de marge (brute) est une grosse erreur.
1° il faut prendre en compte la TVA. Même si on est exonéré, il faut faire « comme si » et considérer que c’est un cadeau fiscal (en fait, le cadeau est juste sur la TVA sur la marge, puisque vous ne récupérez pas la TVA sur les achats). Je vous souhaite d’avoir a payer la TVA un jour, cela voudra dire que vous avez dépassé les seuils et que vous allez gagner votre vie.
2° avec 20% de marge une petite entreprise n’est pas viable. Un commerce « traditionnel » travaille avec 50% de marge. Le principal risque de l’auto-entreprenariat, c’est ce sous-estimer les marges nécessaire à une entreprise. Travailler avec une faible marge necessite de faire de gros volumes, ce qui est totalement incompatible avec l’auto-entreprenariat.
Il est donc important de calculer sa marge comme pour une vrai entreprise : 20% de TVA, 40% de charges sociales sur la marge. Mais de quand même se lancer en auto-entrepreneur : cela permettra de valider le marché, bénéficier de la simplicité de l’A-E et préparer financièrement une vraie entreprise.