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Interview : Découvrez la création d’une marque dans le domaine du fait-main

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Catégorie(s): Retours d'expérience

Aujourd’hui je vous présente l’interview d’une jeune entrepreneuse qui vient de créer sa marque d’objets de décorations et accessoires pour bébés. Comment s’y prendre pour créer une marque quand on travaille dans l’artisanat et le fait main ? Je vous laisse le découvrir au travers de cet échange !

 

cocotine-paris

 

1) Bonjour Claire, peux-tu te présenter et nous dire la nature de ton activité professionnelle ?

Bonjour Ronan, Je suis Claire Rebouah, j’ai 29 ans et j’habite à Paris. J’ai créé la marque Cocotine en avril 2014. Il s’agit d’une marque de décorations et d’accessoires pour les bébés. Tous les produits : mobiles, guirlandes, coussins, attaches tétines, etc … sont fabriqués en France. Mes créations 100% coton sont réalisées en très petites séries et la collection change en permanence. J’ai créé le site pour vendre mes créations.

 

 

2) Quel est ton parcours avant la création de ta marque et pourquoi avoir décidé de te lancer ?

Je suis diplômée de l’Ecole Supérieure de Commerce de Rouen, avec une majeure communication et marketing produit. J’ai fait plusieurs stages dans le prêt-à-porter féminin, avec notamment ETAM et DIM. J’ai ensuite eu une première expérience de 4 ans chez Armand Thiery en tant qu’assistante chef de produit/ acheteuse à la chemiserie homme. Puis, 1 an chez EDJI (marque de PAP féminin pour les 15-25 ans), en tant que chef de produit/ acheteuse junior.

J’ai ensuite décidé de faire une rupture conventionnelle de contrat, afin de trouver un nouveau poste dans le prêt-à-porter. Ayant du temps pour réfléchir à mes opportunités professionnelles et à mes objectifs personnels, j’ai décidé de me lancer, dans ce qui, au départ était plus, un loisir et une passion. Je suis très créative depuis que toute jeune. Je fais du dessin, de la peinture, de la couture et tout ce qui est travaux manuels ! J’ai beaucoup d’idées pour décorer, habiller, et j’aime fabriquer ce qui me passe par la tête.

J’ai donc commencé à travailler sur ma collection, et à créer mes modèles. Devant l’enthousiasme de mon entourage et ayant moi-même très envie de créer ma propre marque, j’ai décidé de me lancer ! J’ai déjà une première expérience, mais je suis encore jeune, et je n’ai donc pas grand-chose à perdre. Mais beaucoup à gagner, car créer son entreprise, c’est toucher à tous les domaines : communication, finance, gestion… il y a donc beaucoup à apprendre, c’est très enrichissant !

 

 

3) J’ai pu constater que tu cherches à créer un nom et une marque forte. Peux-tu nous en dire plus sur la création de ta marque ? Comment t’y prends-tu ? As-tu déposé cette marque à l’INPI pour la protéger ? Comment fais-tu pour la faire connaitre sur Internet et offline ? Es-tu active sur les réseaux sociaux ? Peux-tu nous en dire plus sur ta stratégie pour développer ta marque ?

Oui, je cherche à créer un univers de marque fort, avec un nom que l’on retient et des collections que l’on peut reconnaître. Je cherchais un nom qui soit doux, poétique et adapté aux enfants. Mais, sans tomber dans les clichés et en restant assez haut de gamme. Après avoir clairement défini mon univers par des adjectifs et des mots qui le représentaient, j’ai fait de nombreux brainstorming avec mon mari. Il est concepteur rédacteur dans une agence de communication et m’a donc été d’une grande aide. C’est même de lui qu’est née l’idée de Cocotine ! Cocotine est facile à prononcer, à travailler graphiquement, il évoque l’enfance, mais reste ouvert si je veux développer ma marque dans le futur. Après l’avoir tester auprès de mon entourage j’ai décidé que Cocotine était bien approprié à ma collection. J’ai donc vérifié à l’INPI qu’il n’y avait pas de marques similaires déjà déposées dans les mêmes classes que moi et j’ai déposé ma marque. Il est vraiment important de déposer sa marque et surtout lorsqu’il s’agit de création car les idées sont vites appropriées par d’autres ! Trouver un nom de marque non utilisé est assez difficile et j’en ai connu l’amère expérience lorsque j’ai créé ma première marque « La boite à câlins ». J’ai en effet reçu un courrier d’un grand groupe de prêt-à-porter me demandant de retirer la classe vêtements de ma marque, car ils détenaient une marque similaire… Ne faisant le poids devant ce grand groupe, j’ai donc abandonné ma première marque. Choisir le nom de sa marque n’est donc pas une décision à la légère et encore plus, quand ce nom représente un univers fort. Autour du nom Cocotine, j’ai ensuite créé une charte graphique avec un logo qui représente la marque.

Je vends principalement mes produits via mon site e-commerce. Il faut donc attirer les clients car ils ne tombent pas par hasard sur mon site ! Pour cela, je travaille sur le référencement naturel, il y a des mots clés qui ressortent sur mon site, dans mes descriptifs, mes url…J’écris également des articles sur des sujets qui peuvent intéresser mes clients potentiels, en utilisant toujours les mots clés. Le référencement naturel prend du temps, quelques mois, avant d’avoir de vrais résultats. Mais, depuis que je travaille dessus, j’ai constaté une réelle amélioration dans mes visites, tant dans la fréquence, que dans la provenance de mes visiteurs. J’essaye depuis quelques jours le référencement payant par Google Adwords, mais il est encore trop tôt pour avoir des résultats. Et c’est un investissement, donc, je dois vérifier que cela provoque du passage sur mon site pour décider de continuer ou non.

J’ai également réalisé un dossier de presse, à l’aide d’une amie graphiste, que j’ai envoyé à de nombreuses bloggeuses et aux journaux, spécialisés dans le domaine de l’enfant, la famille et la déco. Plusieurs bloggeuses ont fait des articles sur Cocotine et le magazine 9 mois va me faire une parution à la rentrée. J’essaye aussi de mettre en place des partenariats, avec des codes promos uniquement pour les lectrices du blog par exemple.

J’ai aussi réalisé des flyers, que j’ai distribué dans les maternités, et les lieux où vont les femmes enceintes. Je fais très attention à l’image de marque car je compte beaucoup sur le bouche à oreille !

J’utilise beaucoup les réseaux sociaux, avec ma page Facebook Cocotine tout d’abord, que j’alimente de news du type photos, articles, petits commentaires … J’ai également un compte Twitter, Pinterest et Instagram, car c’est en multipliant les canaux que l’on devient de plus en plus visible sur le net.

Pour développer ma marque, ma stratégie est pour le moment de travailler beaucoup sur la communication et le référencement. Je souhaite également développer d’autres réseaux de distributions : retail classique et sites e-commerce, distributeurs de créateurs. Pour cela, je travaille sur mes capacités de production, mes coûts et je recherche activement des partenaires, afin de développer un réseau de distribution.

 

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4) Comment fais-tu pour trouver des clients et de les fidéliser ? Travailles-tu également localement sans passer par Internet (marchés, galeries, exposition dans certains commerces, boutiques spécialisées ou autres) ? Quels conseils pratiques (ou petits secrets) peux-tu partager avec nous pour trouver des clients ou rendre une boutique e-commerce plus visible ?

Pour le moment, je travaille beaucoup sur le bouche-à-oreille car c’est le début. Puis, j’utilise mes outils de communication comme les flyers, les réseaux sociaux, les articles dans les blogs et les magazines. Je suis très attentive à mon image de marque et je chouchoute donc mes clients. Le packaging est travaillé, afin que le client soit agréablement surpris en recevant son paquet. J’insère des cartes de remerciement et des dragées dans le colis, puis, un petit mot manuscrit remerciant mes clients.

Comme je l’ai dit juste avant, ma stratégie est de vendre très vite localement, en plus des ventes sur mon propre site. En plus des boutiques spécialisées, j’ai également pensé au CE des grandes entreprises qui organisent des ventes sur l’heure du déjeuner.

Pour trouver des clients, il ne faut pas hésiter à parler sans cesse de sa marque autour de soi, car chaque personne peut connaître d’autres personnes intéressées par mon produit,dans l’immédiat ou dans le futur ! Puis, il faut faire vivre le site, mettre des nouveautés, des articles, être sans cesse dans l’action. C’est l’addition de plein de petites actions qui donne des résultats.

 

 

5) J’ai vu que tu met l’accent sur le made in France avec des produits artisanaux fabriqués dans des ESAT et CAT.  Quels sont les avantages et inconvénients (ou contraintes) à travailler avec des ateliers de réinsertion professionnelle pour handicapés ? Comment as-tu noué ce partenariat et comment celà se passe concrètement au quotidien ?

J’ai visité beaucoup d’ateliers de couture, mais, mes produits étant compliqués et longs à réaliser, très peu ont accepté de réaliser des prototypes. Je travaille maintenant avec un ESAT, j’ai lancé ma première production avec eux. Les deux directrices d’ateliers sont des couturières très compétentes, en qui je peux faire confiance, et qui font passer l’amour de leur métier avant la rentabilité. Elles aiment produire  mes collections car les travailleurs de l’atelier apprécient mes créations. Ils font des produits qui les changent du quotidien et apprennent des choses différentes. Quand je me rends à l’atelier, je suis toujours accueillie par tous les couturiers, qui sont heureux de me présenter les prototypes qu’ils ont réalisés pour moi. Ils sont aussi contents de découvrir les nouveautés. La production finale est d’excellente qualité, mais en plus, c’est un environnement très convivial. L’inconvénient principal est que certains de mes produits sont trop compliqués à réaliser et pour cela je fais donc appel à un autre atelier de couture. L’autre inconvénient est qu’il ne faut pas avoir des délais trop serrés car la production est réalisée assez lentement.

Je vais donc travailler avec un autre atelier, qui emploie des couturières en réinsertion professionnelle. Cet atelier a aussi un but social et dispose d’une plus grande capacité de production, une meilleure réactivité. Il est donc pour moi intéressant de jongler entre ces deux options.

 

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6) Quel statut d’entreprise as-tu choisi pour la création de ton activité et as-tu hésité (ou commencé) avec un autre statut d’entreprise ? As-tu rencontré des difficultés avec les démarches administratives (ou autres) et si oui comment les as-tu résolues ? As-tu bénéficié de certaines aides, d’un accompagnement ou de conseils de la part de professionnels ou de certains organismes ?

Je suis entrée dans une couveuse d’entrepreneurs : le GEAI. Je peux utiliser leur numéro de siret et facturer sous leur nom. Cela est un bon moyen de tester son projet au départ, sans s’engager en créant un statut directement. Grâce à la couveuse je bénéficie gratuitement de nombreuses formations, dans tous les domaines, puis de l’aide d’un conseiller. Je ne suis pas encore certaine du statut juridique que je vais choisir car il faut tenir compte de nombreux facteurs. Il faut tenir compte de son activité professionnelle mais aussi personnelle. Voir quels risques on est prêt à prendre ! Dans tous les cas, je ne prendrai pas le statut d’autoentrepreneur car mon CA dépassera le seuil autorisé, pour que ma société soit rentable. Je dois d’ici peu suivre une formation sur les statuts juridiques et rencontrer mon conseiller afin de décider quel statut s’adaptera le mieux à mon projet.

 

 

7) As- tu préparé ton projet de création d’entreprise et dans ce cas quelles ont été les étapes pour préparer ce lancement ? As-tu fait une étude de marché, un business plan, une formation en création d’entreprise ? As-tu rencontré un comptable ou un conseiller ? Enfin, comment as-tu défini tes prix ?

Afin d’entrer dans la couveuse, j’ai dû faire une présentation devant un jury. Je leur ai présenté mon étude de marché et mon business plan. Il est indispensable de faire ces deux démarches avant de se lancer réellement dans un projet, car on voit vite si son idée tient ou non la route. Les tableaux financiers ne sont que des prévisions, mais elles sont sans cesse révisées et ajustées au fur et à mesure que le projet avance. Tous ces outils sont d’une grande aide. La couveuse a mis à ma disposition le dossier financier complet qui permet d’établir mon seuil de rentabilité notamment. Grace, à cela, je peux donc définir mes objectifs et donc mes prix.

J’ai défini mes prix en calculant très précisément mes coûts de revient : en comptant mes charges variables (matières premières, cout de fabrication, packaging…) puis en ajoutant mes charges fixes liées au fonctionnement de mon entreprise, auxquels j’ai ajouté une marge commerciale raisonnable.  J’ai donc obtenu un premier prix, que j’ai comparé avec le prix psychologique qui me semblait juste (suite à mes études de la concurrence) et j’ai fait un ajustement entre ces prix. Je marge plus ou moins bien en fonction des produits, mais l’essentiel est de s’y retrouver à la fin.
8) Tu as lancé une campagne de crowdfunding (financement participatif) sur le site KissKissBankBank pour développer ton activité. Peux-tu nous en dire plus sur cette démarche ? Quel est ton objectif et comment celà se passe-t-il concrètement ? As-tu des conseils à partager pour celles et ceux qui voudraient aussi lever des fonds via le crowdfunding ?

J’ai lancé un appel au don sur KissKissBankBank afin de financer la production que je lance aux ateliers. En l’échange de leurs dons, les participants reçoivent des contreparties et surtout, ils m’aident à réaliser mon projet. Il s’agit d’un investissement financier pour un projet social et humain. J’ai une démarche sociale car je fabrique en France dans des ateliers aidant à la réinsertion. Je souhaite que mon entreprise se développe en respectant les valeurs humaines et sociales Les personnes qui me soutiennent par le crowdfunding défendent également ces valeurs et aident les entrepreneurs à développer des projets porteurs des valeurs de l’économie sociale.

Mon objectif de départ était d’obtenir 3000€. J’ai déjà obtenu plus de 1000€, et il me reste maintenant 15 jours pour atteindre mon but. Une fois l’objectif  en € et le nombre de jours décidés, vous ne pouvez plus revenir en arrière, attention donc à bien évaluer les dons que vous pouvez recevoir, et ce dont vous avez vraiment besoin. KissKissBankBank propose une aide de qualité pour bien préparer son projet au départ, après par contre, il faut se débrouiller seul pour alimenter son réseau et faire connaitre le projet. C’est donc une démarche qui prend du temps, mais qui peut être très bénéfique et donner un bon coup de pouce quand on démarre !

 

 

9) Après ces premiers  mois d’activité, quel est ton sentiment ? Quel est ton bilan sur cette aventure, le statut d’entreprise choisi et comment entrevois-tu l’avenir ?

J’ai débuté depuis peu de temps et les ventes sont donc, pour le moment, majoritairement liées au bouche-à-oreilles. Mes clients sont des proches ou des connaissances de mes proches. Cependant, j’ai fait mes premières ventes à des clients  inconnus depuis peu. C’est le signe que mes efforts de communication commencent à porter leurs fruits ! Il faut quelques mois avant d’être bien référencé sur le net, mais je commence à avoir de plus en plus de visites. Le bilan est donc positif car les ventes et les visites augmentent, mais il faut donc redoubler d’efforts pour continuer à faire marcher la machine ! Entreprendre seule est difficile et il y a des moments où je me suis sentie un peu perdue, car il fallait tout faire en même temps ! Mais je suis bien entourée par les personnes autour de moi, qui croient en mon projet. Je repars donc toujours plus motivée, car on peut toujours trouver une solution. Il faut juste prendre le temps de se poser sur le problème et bien réfléchir, et ne pas hésiter à demander des conseils.

J’ai le sentiment que la marque plait réellement, compte tenu de tous les retours positifs que j’ai . Je suis donc ultra motivée pour  développer mon réseau de distribution et continuer mes efforts de communication.

 

 
Si vous aimez le projet de Claire, donnez-lui un coup de pouce sur Kiss Kiss Bank Bank :
http://www.kisskissbankbank.com/deco-et-accessoires-pour-bebe-avec-cocotine

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